Le suivi de la qualité des eaux : méthode et résultats

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Les données relatives à la qualité des cours d’eau sont recueillies dans le cadre de différents réseaux de mesures qui sur le bassin, comprennent :

  • Le réseau de contrôle de surveillance (RCS), destiné à donner une image de l’état général des milieux (rapportage à l’échelle européenne). Il a une logique « suivi de l’état des milieux aquatiques » et non pas une logique « suivi de flux polluants » ou « suivi d’impacts des pressions ». Ce réseau est sous maîtrise d'ouvrage Agence de l'eau pour la physico-chimie, DREAL pour la biologie (excepté les poissons) et ONEMA pour le suivi piscicole. Ces stations sont suivies entre 6 et 12 fois par an vis-à-vis de la physico-chimie classique. La biologie y est également suivie annuellement. Les substances toxiques (substances prioritaires) et les substances de l'état écologique sont recherchées 12 fois par an tous les 3 ans.
     
  • Le réseau de contrôle opérationnel (RCO),  destinés à assurer le suivi des masses d’eau évaluées à risque de non atteinte du «bon état» (ou de bon potentiel) en 2015 (état des lieux 2004 révisé en 2006). Ils ont pour objectif d’évaluer les améliorations liées aux actions mises en place dans le cadre du programme de mesures et de préciser les conditions requises pour atteindre le bon état à l’échéance retenue. Ce réseau est majoritairement sous maîtrise d'ouvrage des collectivités locales et bénéficient d'une aide de l'Agence de l'eau et des Régions. Ces stations sont suivies au minimum 4 à 6 fois par an vis-à-vis de la physico-chimie classique. Un à deux indicateurs biologiques font également l'objet d'un suivi annuel et sont sélectionnés en fonction de leur pertinence vis-à-vis des pressions suivies sur ces masses d'eau et de leur pertinence vis-à-vis de la station de mesure. Les substances toxiques (substances prioritaires) sont recherchées si la dégradation constatée est d’ordre chimique.
     
  • Le réseau de contrôle agence (RCA), sous maîtrise d'ouvrage Agence de l'eau, regroupe l'ensemble des stations de mesure appartenant anciennement au Réseau National de Bassin (RNB) et n'ayant pas été retenu dans un des réseaux de mesure requis par la Directive Cadre Européenne sur l’eau. Celui-ci permet de poursuivre l'historique de surveillance pour les besoins d'une analyse plus locale de la qualité des eaux.
     
  • Le réseau de référence (REF) : La définition du bon état écologique doit être établie par type de masses d’eau, se mesurant sous la forme d’un écart à une référence. Afin de préciser les critères de ces références, un réseau de 450 sites a été mis en place au niveau national sur des sites pas ou peu impactés par les activités anthropiques. Un premier recueil de données physico-chimiques et hydro biologiques a été réalisé de 2005 à 2007. La maîtrise d'ouvrage de ce réseau était partagée entre l'Agence pour la physico-chimie, les DREAL pour la biologie (excepté les poissons) et l'ONEMA pour le suivi piscicole. Suite à cette première collecte de données, une sélection des sites reflétant réellement des conditions de référence est aujourd'hui en cours pour constituer un réseau de référence pérenne qui fera l'objet d'un suivi régulier dans le temps à partir de 2012.


NOTE : la station Pont de Rieulhès fait l’objet d’un suivi dans le cadre du réseau phytosanitaire patrimonial Adour-Garonne.

 

Le réseau de suivi qualité du Contrat de Rivière gave de Pau (CR) :


Le réseau de suivi de la qualité des eaux superficielles du Gave de Pau et de ses affluents a été mis en place dès 2002 dans le cadre du Contrat de Rivière Gave de Pau (2002-2010).

Ce réseau complémentaire a pris la suite du suivi anciennement réalisé par la DDASS et a permis de conforter les réseaux de mesure déjà existants (2 points seulement à l’époque sur le Réseau National de Bassin-RNB : Préchac et Pont de Rieulhès et actuellement repris dans le RCS).

Le SMDRA est le maître d’ouvrage, en collaboration avec la CATER (CG65) qui réalise les prélèvements et les laboratoires départementaux qui réalisent les analyses. Les résultats de ce réseau sont directement intégrés sur la base de données de l’Agence de l’Eau et sont régulièrement présentés et distribués en réunions (bureaux, comités techniques, Comités de Rivière).

Le Comité Technique de Pilotage est chargé, chaque année, d’analyser les résultats et de réajuster le programme de mesures de l’année suivante. Ainsi, la programmation inscrite en début de Contrat est passée de 7 stations de mesures initialement programmées, à plus d’une quinzaine de stations en fin de Contrat.

Les paramètres analysés ont été choisis en fonction de la source de pollution potentielle à évaluer. Au vu des premiers résultats, les campagnes d’analyses ont essentiellement porté sur la bactériologie et la pollution métallique (métaux lourds) qui sont les deux types de paramètres déclassants du bassin du Gave. Les analyses ont aussi porté sur les paramètres physico-chimiques.

En 2011, 17 points de mesures répartis sur les principaux cours d'eau du bassin du gave de Pau amont font l'objet de prélèvements d'eau à partir desquels sont réalisées des analyses physico-chimiques et/ou des analyses métaux et/ou des analyses bactériologiques.

Nature des paramètres analysés dans le cadre du Contrat de Rivière :

  • Physico-chimie : DBO5, NH4+, NO2-, NO3-, PO43-, P total, MES, NTK, COD.
  • Bactériologie : Escherichia coli, Streptocoques fécaux.
  • Biologique (depuis 2008) : Indice Biologique Global Normalisé (IBGN).
  • Métaux sur bryophytes : plomb, zinc, cuivre, cadmium, arsenic, mercure, nickel, chrome.


- Ce réseau local assure un suivi de la qualité des eaux superficielles du bassin qui permet d’améliorer le diagnostic existant et d’évaluer l’impact des opérations réalisées au cours du Contrat de Rivière sur la qualité des eaux et sur les milieux aquatiques. D’autre part, il permet aux collectivités de mieux s’approprier l’enjeu et se traduit par une meilleure réactivité des acteurs locaux face aux pollutions ponctuelles. D’autre part, cet outil permet de réunir l’ensemble des partenaires sur le bassin au sein d’un comité technique qui se tient une à deux fois par an.

 

QUALITE PHYSICO-CHIMIQUE, BACTERIOLOGIQUE et BIOLOGIQUE  DU BASSIN :


Les résultats physico-chimiques hors métaux sont conformes* (oxygène, nitrates, nitrites, phosphate, matière en suspension…) en raison d’un bon débit et d’une bonne oxygénation de l’eau en tête de bassin mais également du fait d’un faible impact agricole et industriel.            (*par rapport à la fonction "Potentialités Biologiques" des normes SEQ-Eau)

Par contre, on rencontre des problèmes de qualité bactériologique (pollution domestique) et plus localement de présence de métaux lourds.

Les sources de pollution sur le bassin sont bien définies et majoritairement ponctuelles : elles se concentrent au niveau des rejets des grosses stations d’épuration en période touristique (notamment celles de Barèges, Luz-Saint-Sauveur, Cauterets, Argelès-Gazost et Lourdes).

Le diagnostic de qualité microbiologique réalisé dans le cadre du Contrat de Rivière a permis de relever, dans les premières années de prélèvements, des niveaux de concentration en germes témoins de contamination fécale difficilement compatibles avec la pratique des loisirs et sports nautiques* sur le cours d’eau.
(*paramètres non conformes par rapport aux normes "Baignades" du SEQ-Eau)

Cependant, on constate une nette amélioration de la qualité bactériologique des eaux du bassin depuis quelques années avec la réalisation de lourds travaux de réhabilitation notamment sur les stations d’épuration de Lourdes (travaux 2004-2005, taux d’E. coli divisé par 10 par rapport à 2003) et d’Argelès-Gazost (nouvelle station en 2008, taux d’E. coli divisé en moyenne par 6 par rapport à 2007). Aussi, les valeurs mesurées ces dernières années se rapprochent du seuil acceptable (normes SEQ-Eau pour l’usage Baignade : 2 000 u/100 ml d’E. coli) sur certains points et à certaines périodes. - Voir Cartes montrant cette évolution entre 2002 et 2010 ci-après.

Toutefois, il reste encore des vallées où des efforts restent à faire dans le domaine de l’assainissement et notamment le Val d’Azun, la vallée de Barèges ou encore celle du Neez.

Sur le bassin, la qualité biologique est étudiée au niveau des cinq stations RCS. Les notes IBGN et IBD des 5 stations du bassin sont présentées dans le tableau ci-contre :


Les indices mesurés sont l’indice Biologique Global Normalisé (IBGN) et l’Indice Biologique Diatomique (IBD). A partir de l’étude des macro-invertébrés aquatiques, l’IBGN permet d’évaluer la qualité physico-chimique de l’eau et des habitats des cours d’eau. L’IBD est basé sur l’analyse des diatomées (algues unicellulaires microscopiques) et reflète la qualité générale de l’eau notamment vis-à-vis des matières organiques et des nutriments.

La qualité biologique de ces stations paraît très convenable : qualité passable à excellente pour Rieulhès (aval Lourdes) et bonne à excellente pour Préchac (aval Pierrefitte-Nestalas). De manière générale, ces résultats reflètent une bonne qualité physico-chimique des eaux (groupe indicateur compris entre 7 et 9). Par contre, la variété faunistique des échantillons reste assez moyenne (de 30 à 36 taxons pour Préchac et de 20 à 29 taxons pour Rieulhès), traduisant une faible diversité d’habitats aquatiques.

 

Cas particulier des métaux :
 

Les résultats des analyses métaux sont préoccupants surtout dans la partie aval du Gave de Cauterets en aval des anciennes mines de Penarroya. En effet, une contamination métallique au Plomb, Zinc, Cadmium et Arsenic a été révélée sur le bassin (surtout sur les Gave de Cauterets et d’Azun). Les origines sont à la fois anthropiques et naturelles :

  • l’activité minière a engendré l’abandon de stériles et de déchets contaminés (notamment sur la « digue d’Uz » et à « La Galène » - anciens sites miniers de Penarroya - concession de Pierrefitte), qui par infiltration et ruissellement, relarguent des métaux dans les cours d’eau (surtout du zinc, du cadmium et du plomb sur l’aval du Gave de Cauterets),
  • l’arsenic peut provenir d’une origine naturelle, dans des conditions géochimiques et géothermales favorables (cas du Gave d’Azun).

Toutefois, les analyses réalisées sur les chairs de truites permettent d’affirmer qu’il n’existe pas de risque sanitaire immédiat pour la consommation des poissons pêchés dans les gaves. En effet, en 2004, l’étude menée par la Fédération de Pêche en partenariat avec le SMDRA, a permis d’analyser les teneurs en Zn, Pb, Cd et Cu sur les muscles de truites prélevées en 3 points sur le Gave de Cauterets. Les conclusions ont révélé des teneurs en Zinc et Cadmium multipliées par 2 entre l’amont et aval mais pas de dépassement des normes de comestibilité.

En 2005 puis en 2007-2008, dans le cadre de l’Action-Test « toxiques Gave de Pau »,  l’Université de Pau (avec l’appui d’ECOBAG) a mené 2 études : une étude d’identification des sources de pression et une étude sur les flux métalliques sur le Gave de Pau. Ces études ont permis de montrer que les anciens sites miniers (mines de Penarroya – concession de Pierrefitte) représentaient une source de pression importante et localisée au niveau du gave de Cauterets.

Leur contribution à la contamination métallique constatée sur le Gave de Pau a ainsi été quantifiée :

  • 90% des apports en Zinc, Cadmium, Cuivre et Arsenic sur le Gave de Cauterets
  • 50% des apports en Zn et Cd à l’échelle du bassin amont
  • 20% des apports en Zn et Cd à l’échelle du bassin aval du Gave de Pau.

En conclusion, l’étude a permis de montrer que la contamination constatée avait pour effet de déclasser le gave de Cauterets pour le Zinc et le Cadmium selon les normes SEQ’EAU d’aptitude à la biologie et selon les Normes de Qualité Environnementale (NQE).

Enfin en 2008, une étude sur les invertébrés aquatiques et les populations piscicoles a été menée par la Fédération de Pêche pour le SMDRA et des analyses sur les organes vitaux des truites pêchées dans le Gave de Cauterets ont été réalisées par l’Université de Pau. Ces études ont révélé qu’il n’y avait pas d’impact avéré sur les invertébrés et les populations piscicoles pour le moment mais cependant des taux inquiétants dans les organes vitaux des poissons (nouvelles investigations et suivi sur le long terme à prévoir).


 

Réalisation : Agence Multimedia Otidea